Premier pompage du Puits Fenoz - CHAZOT
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La visite du porche était, il y a déjà quelques années, une activité dominicale très courue par les habitants du secteur. Pour bien jouir de la vue du gouffre, les visiteurs étant juchés au bord du trou, l’un d’eux jetait une botte de paille bien enflammée. Les parois supérieures s’éclairaient quelques peu avant qu’un nuage de fumée vienne opacifier le gouffre, ajoutant encore à la légende.
Un site touristique...
Bien aventureux furent ceux qui tentèrent l’exploration du puits.
En 1835, le lieutenant SABATIER, qui faisait des relevés pour la carte d’état-major au 1/80.000, essaya de descendre dans le PUITS FENOZ, avec un homme de SANCEY. Un charpentier, qui avait promis de prêter ses cordes et ses poulies, pour cette exploration, les refusa au dernier moment.
Néanmoins, il fut possible de se procurer d’autres cordes. Un tronc d’arbre fut place sur l’orifice : on attache les deux explorateurs à deux chaises placées dos à dos ; ils s’étaient munis d’une lanterne et d’une cloche en guise de signal. La population qui s’était réunie à l’entrée de la caverne se mit à pousser de tels cris de terreur, que les signaux ne purent être entendus, et qu’on fut oblige de remonter les excursionnistes, sans avoir achevé l’exploration.
Le porche...
Postérieurement à cette tentative, un charpentier de CROSEY-LE-PETIT serait, dit-on, descendu dans ce gouffre, mais on n’a aucun renseignement précis sur cette descente.
Les formes de surface...
Eugène FOURNIER, par 2 fois, est venu à CHAZOT, mais laissons le lui-même narrer son exploration, et réaliser la première description du puits, quoique les chiffres avancés s’avèrent erronés.
« Le 28 avril 1902, j’allai pour la première fois visiter le PUITS-FENOZ ; malheureusement, il était, à ce moment, rempli d’eau, et par suite, il me fut impossible de me rendre compte de sa profondeur ; le fait que ce puits se remplisse d’eau facilement, était cependant déjà un indice permettant de supposer qu’il n’était pas aussi profond que le prétendait les légendes locales.
Le dimanche 15 février 1903, nous quittions CLERVAL, des 5 heures du matin, pour tenter l’exploration. A la ferme de FERRIERE, où le courrier de SANCEY dépose notre matériel, nous chargeons échelles et cordes dans une grande brouette, et, malgré la pluie entremêlée de neige, qui ne cessait de tomber, nous nous mettons en route pour CHASOT. Ce n’est pas sans peine qu’avec un moyen de transport aussi rudimentaire, nous arrivons à amener sans encombre notre lourd matériel sur le bord du gouffre. L’entrée est une large doline, qui donne accès dans une sorte de grotte, dont la voûte s’est effondrée. Le sol était couvert de superbes stalagmites de glace, qu’il nous fallut briser pour ne pas risquer de les recevoir sur la tête pendant la descente. Nous fixons les échelles à un solide rocher : je m’attache et je commence à descendre : à 8 m, première plate-forme ; M. LAURENT descend à coté de moi pour guider les cordes ; la descente continue verticale ; les parois sont lisses, absolument polies par les eaux : encore une plate-forme minuscule, et le gouffre se poursuit cylindrique, ses parois sont de mieux en mieux polies et entaillées de rainures dues au mouvement giratoire des eaux ; on croirait pénétrer dans l’âme d’un gigantesque canon. A 40 m, j’atterris sur un amoncellement de branches pourries, entrainées là par les eaux ; devant moi, s’ouvre une petite cavité profonde d’environ deux mètres ; j’y pénètre : le fond est constitué par des cailloutis sur lesquels filtrent les eaux, le gouffre se termine donc en cul-de-sac. Près du fond, à différentes hauteurs, des traces laissées par les débris flottés par les eaux, témoignent de leur fréquent passage »
C’est en septembre 1989 que le GSAM visite le secteur et explore le PUITS FENOZ et le CREUX DES ALLOZ.
Un habitant de CHAZOT nous fait découvrir des résurgences temporaires vers FONTENELLE où nous tentons une petite désobstruction.
Le soir, nous sommes invités à un goûter pantagruélique chez la famille GAUTHIER de CHAZOT qui nous demande de faire quelque chose au FENOZ...
Le message est bien passé et l’on réfléchi...
Le projet du GSAM est d’explorer la base du puits, évacuer les embâcles naturels qui ont dû s’accumuler, voire agrandir les éventuelles étroitures afin d’augmenter le débit du soutirage en cas de crue.
La base du puits étant noyée, il va falloir la vider par pompage.
Nous prenons contact avec le Groupe Spéléo Marcel Loubens d’Héricourt et le Groupe Spéléo de Belfort, qui ont un grand savoir faire en pompage et beaucoup de matériel.
Ils sont partants et enthousiasmes !
Le 11/11/89, nous nous retrouvons en inter-clubs sur le terrain pour une reconnaissance du site et pour étudier la faisabilité du pompage, le gros problème étant le rejet des eaux pompées.
Deux solutions sont possibles :
– la plus simple étant l’utilisation des pertes voisines d’Haut-Pré si celles-ci ne communiquent pas avec le FENOZ. Il faudra faire un test.
– l’autre, plus périlleuse, étant de passer le col (le point haut), situé derrière le cimetière, le long de la D119. Plus de 900 m de tuyaux seraient nécessaire !
Le soir, réunion chez le maire, M. COURGET en présence du Directeur de la Protection Civile, M. DU BOULET pour présenter notre projet.
POMPAGE DE RECONNAISSANCE
Les 19 et 20 novembre 1989, lancement d’un pompage de reconnaissance en interclub.
Le but est de vérifier si une opération plus importante est possible, tester les moyens à mettre en œuvre, les problèmes d’installation et mettre en évidence les problèmes susceptibles d’être rencontrés. Également, mesurer les variations de niveau du siphon et apprécier le volume du réservoir.
Le puits est équipés pour permettre les descentes et montées des spéléologues, mais aussi pour fixer le matériel : pompe, tuyaux, câbles électriques, câbles téléphoniques, ...
La pompe de forage haute pression est conditionnée spécialement pour cette opération, avec un fourreau de protection et des sangles d’amarrage.
Equipement et descente de la pompe...
Le branchement électrique est réalisé sur le réseau EDF dans une exploitation agricole la plus roche.
Pendant toute la durée du pompage, une surveillance de la zone de pompage est assurée par 2 spéléologues, même de nuit. Un roulement est organisé toutes les 2 heures. Toute évolution doit être signalée par généphone et surtout les mesures des variations de niveau du siphon,.
L’eau pompée est rejetée à environ 200 m de là, de l’autre coté du chemin menant à la ferme du Montot. Elle s’écoule ensuite vers les pertes de Haut-Pré. De la fluorescéine sera injectée également pour vérifier qu’il n’y a pas de retour vers la pompe.
Coloration des eaux rejetées...
CONCLUSIONS
L’entonnoir d’HAUT-PRE n’alimente pas le PUITS FENOZ.
Le siphon a baissé de 40 cm pour 40 m3 débités.
En étiage, le siphon n’a pas d’alimentation amont.
La vidange du plan d’eau nécessite un débit d’exhaure d’environ 50 m3 par heure.
Toutes les conditions requises pour un pompage de plus grande ampleur sont levées !
La suite...