Le premier treuil utilisé au gouffre Lépineux en 1951 - Pierre-Saint-Martin

jeudi 5 décembre 2013
par  Olivier, philippe ver
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REMERCIEMENTS :

En premier lieu, nous adressons nos plus vifs remerciements à :
 Monsieur Claude PEROT, petit fils de Léon PEROT, pour le don des documents et des photographies.
 Aux familles PETIT & JANSSENS pour les témoignages et le don des documents et photographies.
 Famille WEITE pour le don des photographies.
 Patrick BOUILLANT pour le partage de documents.






Il est intéressant de connaitre par quelles relations de personnes et comment le premier treuil a été réalisé ? Il est souvent fait allusion à des spéléos du Jura (= originaires de ce massif !), en fait ce sont des spéléos du Doubs (Montbéliard) et de Haute-Saône (Lure) dont il est question.








Sommaire :

Sommaire :

  Préambule : la découverte du puits Lépineux
  Quand Peugeot Sochaux rimait avec Spéléo ...
  Première explo en 1951 : premier treuil dit des Cycles Peugeot
 1ère descente du puits Lépineux, le 12 aout 1951
  Témoignages
  Les participants à l’expédition 1951
  Sources bibliographies



Préambule : la découverte du puits Lépineux



L’équipe de prospection constituée de Max Cosyns, Georges Lépineux, Jacques Labeyrie, Giuseppe Occhialini (dit Beppo), Robert J. Lévi, Marcel Loubens avait établi son campement vers le Col de la Pierre Saint-Martin.


Le mardi 1er août 1950, G. Lépineux remarque un corbeau sortant d’une fente d’un mur dans une doline … un trou … ça souffle. Premier sondage aux cailloux : c’est profond. Le gouffre Lépineux venait d’être découvert … à 10 minutes du camp de l’équipe !







Quand Peugeot Sochaux rimait avec Spéléo ...





Max Cosyns affirme qu’il n’était pas possible de descendre et remonter un tel puits (P320) aux échelles.




verticale de 320 m, la plus grande du monde à l’époque

Photo transmise par Claude Pérot, petit-fils de Léon Pérot qui participa activement à l’aventure.



En octobre 1950, Robert J. Lévi qui est devenu l’organisateur de ces expéditions, fait la connaissance de Jean Janssens de Montbéliard, ingénieur chez Peugeot Sochaux et des spéléos de la région (Petitjean, Léon Pérot et Pierre Louis des Cycles Peugeot) qui lui proposent de construire un treuil pour la campagne de 1951.


Janssens rencontre à Paris Jacques Labeyrie et Robert Lévi pour leur présenter le projet de treuil actionné par la force des jambes et des bras (double système de pédales). Pour effectuer les 400 m de puits, cela nécessiterait 4000 tours de pédalier. Une description et un croquis furent communiqués à Max, Beppo et Marcel.



L’équipe montbéliardaise (composée de Janssens, Petitjean, Léon Pérot et Pierre Louis) travaille à la construction et aux essais du treuil.





Mise au point enrouleur de câble
Probablement un cliché de Janssens où on l’on voit Pierre Louis s’activer à la mise au point.





En juin 1951, le treuil était fini.

il avait été essayé à pleine charge dans un gouffre du Jura, peut-être le gouffre des Ages à Loray (25) ; lieu des essais des 2 treuils suivants dits de Cosyns et de Queffelec en 1952 et 1953.




Première explo en 1951 : premier treuil dit des Cycles Peugeot


Le 1er août 1951, « l’équipe de la Pierre » se retrouve à l’Hôtel des Touristes


Robert, le chef organisateur, Max Cosyns, Jacques Labeyrie, Haroun Tazieff et Jacky Ertaud assureront les prises de vues cinéma. Jean Janssens, Léon Perot et Petitjean sont les mécano-constructeurs du treuil. André Laisse est quant à lui, aide de camp pour assurer les « utilités ».


Participation aussi du docteur André Mairey de Lure, seul rescapé dela tragédie de la grotte de la Creuse à Blamont le 11 novembre 1950. Pierre Louis n’était pas dans l’expé 1951.


Ce treuil mécanique est actionné par un double système de pédales. Un équipier montait sur une espèce de cadre de vélo et pédalait avec ses jambes mais aussi avec ses bras. Tout cela, très démultiplié, actionnait le système au bout duquel le spéléo pendu à un câble avançait centimètre par centimètre.



Jean Janssens aux pédaliers



Les pédaliers étaient constamment couplés par l’intermédiaire de chaînes de vélo et de pignons qui n’étaient pas en "roue libre" mais fixes. Cet ensemble entraînait des molettes. Les chaînes tiraient le câble embobiné sur un tambour qui ne servait que pour le stockage du câble et non pour sa traction. Le tambour actionné par un embrayage de voiture, voyait sa vitesse baisser au fur et à mesure que le tambour se remplissait.


Le câble de 5 mm de diamètre avait dans l’âme un fil téléphonique isolé reliant le spéléo en descente/remontée avec l’équipe de surface.


Le point le plus délicat à assurer : la boucle au bout du câble devait être bloquée par 3 serre-câbles = gros écrous (*) afin d’éviter le glissement, sans pour autant écraser le fil électrique et créer un court-circuit ! Un cône en aluminium était sur le câble au-dessus de la boucle pour protéger la sortie du fil conducteur. Un mousqueton était relié à la boucle terminale.
(*) p161 ouvrage de J. Labeyrie "Les découvreurs du gouffre de la PSM"




exemple possible de boucle d’attache




Le câble acier devait faire office de conducteur pour créer un circuit avec les écouteurs et pastilles microphoniques des laryngophones.


NB : en 1952 il semble que la boucle terminale n’était bloquée que par UN seul serre-câble !



le schéma de la boucle terminale indiqué dans le récit de Louis Balandraux,
repris du journal EDF : LE ROUTIER, numéro 242 d’octobre-novembre 1952, sous le titre :
"les 5 routiers éclaireurs de France de la Pierre Saint-Martin ont fait l’impossible pour Loubens"





Perot, Cosyns, Janssens et Petitjean ont minutieusement monté et arrimé le treuil sur une terrasse horizontale de pierres sèches.


1ère descente du puits Lépineux, le 12 aout 1951



Vers 10h00, Haroun Tazieff est d’abord déposé sur une plateforme à -80 pour filmer la descente de Georges Lépineux qui durera de 11h30 à 13h30. Il prend pied 320 m plus bas au sommet d’un éboulis dans une énorme salle qu’il explore à peine. G. Lépineux remonté, c’est au tour de Jacky Ertaud puis de H. Tazieff et ensuite à Marcel Loubens de descendre. Ils découvrent les deux premières salles et de la rivière. Mais le treuil montre des signes d’usure et le manque de communication fiable entre la surface et le fond entrainent l’arrêt d’autres descentes !





premier treuil en 1951 Janssens - Perrot - Ertaud - masqué Tazieff














Marcel Loubens prêt à la descente






Témoignages



Léon Pérot a participé à la construction du premier treuil (mécanique). Il a d’ailleurs porté quelques annotations au crayon de bois sur le livre d’ Haroun Tazieff "Le gouffre de la Pierre Saint-Martin".

Page 43 après le 1er paragraphe :"Tazieff dort je lui met (sic) ma carte avec adieu et descend avec Janssens au village - à 2 km rencontre Labeyrie et sa femme et laissons un coup de pinard dans sa gourde".

Page 47 avant les 3 étoiles :" A mon réveil je trouve Loubens et après quelque parole il va au téléphone et demande à Casteret l’autorisation de baptiser sa salle Elisabeth-Casteret ce qui lui fut accordé. Puis lorsque
Tazieff arriva, apprenant son départ, je lui demandai de m’amener jusqu’à Pau et rentrai 3 jours avant Janssens".



Livre de Tazieff annoté par Léon Pérot
Extrait de l’ouvrage de Tazieff paraphé "hommage de l’éditeur" transmis par Claude Pérot, petit-fils de Léon Pérot qui participa activement à l’aventure.







Les participants à l’expédition 1951 :



Max Cosyns (♂ 29/05/1906, † 20/03/1998), scientifique et sportif amateur belge.
âgé de 45 ans en 1951




Jacques Ertaud (♂ 18/11/1924, † 18/11/1995), cinéaste français.
âgé de 27 ans en 1951.




Jean Janssens , D.A.D. Peugeot Sochaux, ingénieur.
Souvenirs de Christian Guitton : le 30 janvier 1988, pour la première fois, les spéléo de Mandeure accueillent l’assemblée générale du Comité Départemental Spéléo du Doubs. L’AG 1987 se déroule au Majestic. Janssens fait une conférence passionnante sur l’expédition à la Pierre Saint Martin vécue de l’intérieur. Si quelqu’un a des photos de cette intervention, merci de nous contacter.



André Laisse


Jacques_Labeyrie (♂7/6/1920 , † 9/3/2011), ingénieur, docteur en sciences, assistant de Frédéric Joliot.
âgé de 31 ans en 1951.




Georges Lépineux (♂ ?, † 14/02/2005), spéléologue, découvreur du premier puits d’accès avec Giusseppe Occhialini en 1950.




Robert-J. Lévi (♂ ?, † ?), l’intendant de l’équipe de la Pierre Saint-Martin, économiste, il a travaillé à la relance industrielle française d’après-guerre.




Marcel Loubens ((♂ 1923, † 14/08/1952), spéléologue français né à Mazères-sur-Salat.
âgé de 28 ans en 1951.



André Mairey (♂ 1914, † 10/04/2006), médecin à Lure, spéléologue au Groupe Spéléologique Luron.
âgé de 37 ans en 1951.




Giuseppe Occhialini (♂ 5/12/1907, † 30/12/1993), chercheur, physicien, astronome de réputation internationale, spéléologue,
découvreur du premier puits d’accès avec Georges Lépineux en 1950.
âgé de 44 ans en 1951.



Léon Pérot (♂ 02/03/1885, † 21/12/1958), Salarié des cycles Peugeot dans le Doubs. Léon Pérot avait été aussi employé aux usines Japy. Maire de Voujeaucourt de 1925 à 1941. Un spéléo du Doubs, partenaire de l’équipe Weité durant les années 1930 et début 1940.
âgé de 66 ans en 1951.




Petijean

Salarié des cycles Peugeot. Un spéléo du Doubs qui faisait partie de "l’équipe Weité"


Haroun Tazieff (♂ 11/05/1914, † 2/02/1998), ingénieur agronome, géologue, ingénieur des mines, volcanologue et écrivain, de nationalité russe naturalisé successivement belge puis français.
âgé de 37 ans en 1951.



Mais qu’est devenu ce premier treuil ?
Où a-t-il fini sa "vie" ? À la ferraille ou dans un musée ?


Sources bibliographies :



Documents manuscrits et photographies remis par Jean le fils de Pierre Louis.

Photographies transmises par Jean Janssens et Pierre Weité, spéléo et ami de Jean Janssens.




Haroun Tazieff - Le gouffre de la Pierre Saint Martin - Ed. Arthaud (1952)
(téléchargeable gratuitement en cliquant sur la couverture)

Jacques Labeyrie – les découvreurs du gouffre de la PSM – Ed. Cairn (2005)



Association pour la Recherche Spéléologique Internationale à la Pierre Saint Martin. Cliquez sur le logo.



Honneur au scoutisme, Cliquez sur le logo (accès protégé depuis le ? pourquoi ?)


La suite …. avec l’histoire des treuils électriques de Cosyns (1952) et de Queffelec (1953)


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