Comment réparer kit et combi spéléo
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Une chose est sûr, notre matériel est soumis à rude épreuve et nos kits et nos combis portent souvent les stigmates d’abruptes sorties !
Lire l’article : le matériel spéléo ça s’use aussi
Christian Carrez a mis en forme sous format pdf un petit fascicule illustré de la méthode Nicole Cavaire (cavernicole).
Avec leur aimables autorisation, cette méthode fort intéressante & instructive, est publiée sur le site des spéléos de Mandeure.
D’ailleurs, Christian a des souvenirs d’ "Epomanduodurum" quand il était jeune étudiant à Besançon en Histoire de l’ art et archéologie, mais c’est une tout autre histoire...
Bon y’a quand même des limites ...
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MATERIEL UTILISÉ ET SON UTILISATION :
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– Solvant puissant(1). J’utilise du nettoyant pour pinceau type « Solvapeint ».
Permet de décaper les 2 faces de collage : coté kit ou combi d’une part, coté pièce PVC rapportée d’autre part. Le décapage des surfaces est une étape cruciale pour un bon collage. Sans décapage, les pièces collées ne résistent pas au test d’arrachement. Le décapage permet d’enlever le vernis de surface. Il faut bien insister en faisant plusieurs passages, en appuyant fortement et en enlevant le résidu de décapage avec un chiffon propre (la couleur de la texair et de la pièce décapée se retrouve sur le chiffon !). Les surfaces décapées deviennent alors mat et « caoutchouteuse » au touché. J’utilise un chiffon de coton généreusement imbibé directement au goulot de la bouteille. Remplacer le chiffon dès qu’il est sale. L’idéal serait d’utiliser du trichloréthylène, « ancienne formule », mais celui-ci n’est plus accessible aux particuliers et seulement en grande quantité (5l et plus).
– Colle professionnelle (2) que j’achète chez un sellier.
Les colles « grand public » ne sont plus suffisamment puissantes pour permettre un bon collage. Le sellier a 2 conditionnements possibles. Soit en tube de 200 ml, soit en pot de 1l. En 1l, la colle est beaucoup moins cher mais je n’ai pas retenu cette solution parce que la durée de vie de la colle est très courte. En effet, le solvant s’évapore rapidement rendant la colle inutilisable. D’où l’intérêt d’avoir un conditionnement réduit et d’avoir par ailleurs plusieurs collages à réaliser pour vider le tube rapidement. Durée de vie d’un tube ouvert : 1 mois maxi ! De plus la formule « tube » me permet de mettre la colle directement avec l’embout sur les surfaces à encoller. Attention : il s’agit d’une colle dite « contacte » à utiliser par enduction des 2 faces à coller et séchage complet (appelé temps de gommage), avant collage proprement dit par rapprochement et forte pression des surfaces encollées.
Recommandation : les solvants contenus dans le décapant et la colle sont très irritants et nocifs. Travailler dans un local bien ventilé.
– une spatule pour répartir la colle (3).
J’utilise des morceaux de placage bois d’environ 1 cm X 5 cm que je remplace quand il y a trop de colle séchée au bout. C’est souple et facile d’emploi tout en étant économique.
– Une paire de ciseaux (4).
Permet de découper les pièces à coller et de supprimer les parties effilochées sur les combinaisons
« toile ».
– du ruban adhésif large (5), si possible toilé pour qu’il ne se déforme pas et se découpe facilement sans ciseaux.
Permet de boucher provisoirement un trou de l’intérieur de manière à ce que la pièce rapportée pour boucher le trou n’aille pas se coller de « l’autre côté » du trou ce qui « fermerait » la combinaison ou le kit. Lorsqu’il n’y a pas de trou, en cas de coupure ou de déchirure, il n’y a pas forcément nécessité de mettre du ruban adhésif à l’intérieur de la combinaison ou du kit. Cependant, cela est vivement conseillé, voir indispensable pour les déchirures complexes et/ou de grande étendue. Dans ce cas, le ruban adhésif à l’intérieur permet de maintenir en connexion les bords de la partie à réparer avant application de la pièce.
– une poubelle (6).
Permet de jeter les chiffons sales, les chutes de ruban adhésif, les spatules à colle, les coins des pièces,
retirés lorsqu’on arrondit les rectangles de base.
– un galet de rivière (7).
Il sert à presser la pièce encollée pour la faire adhérer à son support. La forme arrondie permet d’avoir une petite surface de contact ce qui, pour une force donnée, offre une très grande pression, gage d’un collage résistant. Le galet permet par ailleurs, surtout s’il est de forme allongé, d’opérer un mouvement d’oscillation pour insister plus particulièrement à la périphérie des pièces et ainsi prévenir tout défaut de collage pour empêcher une amorce d’arrachement. De plus, la forme arrondie (sans arrêtes) du galet empêche d’endommager la pièce ramollie par le décapage et l’encollage. Dans certain cas très particulier (entrejambe de combinaison par exemple, surface « courbe » en général), un deuxième galet peut-être utile à l’intérieur pour permettre le collage en sandwiche entre les 2 galets.
– une bouteille de vin (8).
Il faut au préalable la vider (ce n’est pas le plus dur), pour faciliter sa manipulation. La choisir sans relief (la bouteille doit de préférence être lisse). Enrouler ensuite une bande de ruban adhésif sur la bouteille, la colle vers l’extérieur. La bouteille ainsi préparée permet d’y coller les pièces PVC lors de l’encollage pour :
– ne pas avoir à tenir la pièce et donc s’en mettre plein les doigts.
– contrecarrer le tuilage de la pièce encollée sous l’effet de la rétractation de la colle au
séchage.
– permettre de déborder (à minima) sur la bouteille lors de l’encollage de ainsi de pallier les manques de colles en périphérie de la pièce à coller. La colle qui déborde finit donc sur le ruban adhésif qui entoure la bouteille, neutralisant à terme son effet collant. Lorsque le ruban adhésif ne colle plus assez (après plusieurs dizaines de pièces encollées + poussière ambiante) : le remplacer.
– un stylo bille (9).
Sert à tracer le contour de la pièce sur le support (kit ou combinaison) de manière à délimiter l’espace
qui devra être encollé. Pensez à rajouter un « détrompeur » avec un trait à cheval sur la pièce ajoutée et le support à réparer. Cela permet de pas mettre la pièce dans le mauvais sens et cela évite aussi d’encoller la pièce du mauvais côté (le coté non décapé). Il ne doit pas y avoir de marque de repérage du coté à encoller. Attention : il arrive que le trait de repérage disparaisse de la pièce rapportée car il reste collé sur le ruban adhésif (durant l’étape d’encollage) ! Dans ce cas, essayer d’utiliser un autre stylo.
– des chutes de bâche PVC.
Il en existe de différentes épaisseurs et de couleurs différentes. Personnellement, je ne m’occupe pas trop de la couleur et prend ce que j’ai sous la main. Pour les parties simplement rappées, une enduction polyuréthane peut suffire tout un maintenant une certaine souplesse. Il est aussi possible aussi de découper des pièces dans une combinaison Texair réformée : c’est moins résistant à l’usure mais plus souple.
– une toile cirée réformée .
Permet de protéger votre table de travail.
– pince à linge en bois et chute de bois divers (12).
Pour les empiècements de coude ou de genou cousus en place mais déchirées (ou les pièces déjà collées dont un côté se serait décollée lors de l’utilisation du kit ou de la combinaison ce qui arrive notamment sur les grandes pièces). Permet de maintenir à distance les parties qui seront collées l’une à l’autre après le gommage de la colle. Dans les pièces rapportées, ce problème ne se pose pas car la pièce encollée sèche à part sur la bouteille sans risque de contact parasite.
PROCEDURE :
Pour les supports PVC type Texair et Kit :
– Bien décaper le kit ou la combinaison sur la zone à réparer (ne pas hésiter à décaper plus large). Bien sûr, en amont, l’objet à réparer doit être propre (lavage en rivière puis à la machine à laver).
– Découper une pièce PVC en prévoyant un débord d’au moins 1 cm de plus que la coupure. Arrondir les
angles. Décaper la pièce, coté trame de préférence pour collage kit et Texair, l’inverse pour combi toile !
– S’il y a un trou ou un déchirement multidirectionnel : le boucher avec du ruban adhésif mis à l’intérieur du
kit ou de la combinaison.
– positionner la pièce en la centrant sur la partie à réparer (la plier en 2 si nécessaire pour un bon centrage).
– En maintenant la pièce immobile, fait en le tour au stylo bille. Ne pas oublier d’indiquer la position par un trait en travers. (Cette opération doit se faire après décapage des parties à coller entre elles pour ne pas effacer les traits faits au stylo bille).
– coller la pièce sur la bouteille, la face décapée à l’extérieur (le trait de « calage » étant coté bouteille, donc invisible). Attention, en cas d’erreur, la pièce encollée à l’envers n’adhérera pas à son support. Une forme asymétrique, ne rentrera même pas dans la zone encollée !
– encoller les 2 faces (support et pièce rapportée) en appliquant une bonne quantité de colle bien répartie à la spatule. Idéalement, il faudrait pouvoir encoller les 2 parties en même temps pour égaliser le temps de séchage, garantie d’un collage optimal. Pour tendre vers cet objectif, j’ai trouvé plusieurs astuces :
– travailler vite ce qui devient possible avec l’habitude.
– passer la colle avec la spatule en alternant de la pièce au support.
– répartir la colle avec le doigt là où il y une zone qui sèche moins vite. (La colle part très bien de la peau
en frottant les doigts l’un contre l’autre).
– ne pas encoller des pièces trop grandes ce qui peut être source de défaut de collage.
– contrôlez que le kit ou la combinaison est bien à plat sur la table.
– dès que la colle n’est plus adhérente nulle part au touché, arracher la pièce de la bouteille pour la mettre à sa place sur le support. Si vous n’appuyez pas et que vous avez loupé votre mise en place, il est encore temps d’arracher la pièce pour la repositionner. Pour éviter cette procédure de secours, vous pouvez, le temps de prendre de l’assurance, déborder un peu du trait au stylo lors de l’encollage du support.
– Appuyer avec le pouce sur la pièce rapportée. Finaliser le collage en appuyant fortement à l’aide du galet part des passes parallèles croisées puis en insistant sur la périphérie par un mouvement de bascule gauche/droite. Pour cette opération, j’utilise le galet allongé qui tient très bien dans la main mais qui n’est pas facile à trouver dans la nature. L’autre galet (voir photo plus loin), sert à l’intérieur dans des cas très spécifique où la table ne peut pas servir de surface d’appui.
Après une remise en service du kit ou de la combinaison, il peut arriver qu’une partie de la pièce collée se décolle. (Surtout sur les grandes pièces du fait d’un décalage temporel dans la phase d’encollage). Je recolle alors ce qui doit l’être en ayant au préalable lavé la combinaison ou le kit). Lorsque toutes les bavures de colle séchée en périphérie des pièces rajoutée ont disparues du fait des frottements en utilisation sous terre, il peut être intéressant de parfaire le collage par une enduction polyuréthane en périphérie des pièces rapportées de manière à supprimer le bord d’accroche et ainsi prévenir toute amorce d’arrachement. Produit utilisé : « Soudaflex 45 FC » (qui surpasse de très loin le Sikaflex préconisé par certains)…
REMARQUE :
– La procédure décrite ci-dessus est chronologique pour une meilleure compréhension. En pratique, il ne faut pas attendre qu’une pièce sèche sur la bouteille sans rien faire mais utiliser le temps de gommage de la colle pour repérer d’autres trous à traiter, découper des pièces, les décaper, les positionner, les encoller….
– le temps de gommage de la colle varie énormément selon la température ambiante, (entre 3 et 12 min environ).
Pour combinaison toile :
Le collage et la réparation des combinaisons « toile » et aussi possible mais la procédure est légèrement différente.
Sauf si la combinaison est récente, le décapage au solvant n’est pas utile mais ne dispense pas d’un lavage machine suivi d’un séchage complet de la combinaison.
La toile n’ayant pas la rigidité d’un support PVC (kit ou Texair), la mise en place de ruban adhésif à l’intérieur de la combinaison est vivement conseillée (même en l’absence de trou). Il faut veiller à retirer avec les ciseaux, toutes les parties effilochées, voire à agrandir (un peu) le trou si nécessaire. Sans cela, il est impossible d’encoller correctement la combinaison. La grande différence d’avec un collage « tout PVC » est que pour le collage des combinaisons « toile », il faut impérativement procéder à un « double encollage ». Cela se fait en 2 temps :
– Dans un premier temps, encoller les 2 faces comme pour la réparation des kits et combinaisons PVC décrite ci-dessus mais en mettant moins de colle. Le côté « toile » se trouve « neutralisé ». La première passe sèche rapidement, car la toile « boit » le solvant de la colle.
– Après séchage, renouveler, l’opération, mais sans surcharge de colle, sur chacune des faces.
– Après séchage de cette deuxième couche de colle, appliquer les pièces l’une contre l’autre selon la procédure classique PVC sur PVC décrite plus haut.
EXEMPLE DE REALISATIONS :
– Niveau débutant : coupure ou trou sur une partie plane.
– Niveau confirmé sur partie manquante et /ou surface courbe
(La technique utilisée alors est difficilement explicable sur un PDF.Voir tuto vidéo) :
– Niveau expert :
Exemple : transformation d’un kit rond, au fond partant en lambeaux (mais le reste en bon état), pour en faire un kit ovale destiné au transport d’un perfo « désob ».
– Pour avoir une surface de référence sur laquelle m’appuyer, j’ai découpé une forme dans plusieurs plaques de bois vissées entre elles (découpage scie sauteuse, assemblage vissé, rectifiage de l’équerrage à la ponceuse à bande mise sur le dos, grain 50). La forme a été dessinée, (sur FreeCAD), à l’exacte longueur de la périphérie du kit à partir d’arcs de cercles tangents ; (il ne s’agit donc pas d’une ellipse). L’arête a été arrondie avec une défonceuse (fraise à « pilote »).
– J’ai ensuite collée le fond sur la paroi du kit (petit axe de l’ovale). Ayant de la matière en trop (du fait de la courbure de l’ovale), j’ai dû en retirer, d’où l’encoche (trop grande suite à une erreur de ma part). Dans le grand axe de l’ovale il n’y a pas de recouvrement du « fond » sur le « corp » du kit.
– Par sécurité, j’ai mis quelques vis sur la périphérie pour que la cale en bois ne bouge pas.
– J’ai ensuite collé sur tout le tour, des pièces étroites et biseautées vers le centre, la cale en bois permettant une forte pression au galet pour un bon collage.
Remarque :
– le « démoulage » de la pièce de bois n’a pas été facile du fait de l’énorme tension accumulée par les bandes tendues lors du collage. Heureusement, j’ai pu dévisser de l’intérieur une des 3 plaques du bois constituant la cale, me donnant le jeu nécessaire pour extraire la cale !
– j’aurais peut-être gagné du temps en découpant la base du kit en lamelles taillées en pointe (pour éviter le recouvrement des « pétales »), mais je n’y ai pensé qu’après coup !
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Le kit ainsi transformé remplit parfaitement sa fonction sous terre alors même qu’il n’y a aucune couture mais uniquement du collage ! J’attends que les bords du haut des pièces grises collées soit adoucis par les frottements pour contre coller une bande périphérique mince (rouge ?) dans le but de :
– Répartir les efforts d’arrachement.
– Boucher les 4 trous de vis.
– Cacher la ligne crénelée des pièces grises collées pour améliorer le côté esthétique (même si sous
terre c’est du luxe).
BONUS :
Le vendeur m’avais dit « c’est du cordura, c’est très résistant ». Peut-être aurait-il dû rajouter : « sauf si vous faite de la spéléo avec ». Résultat : les avants bras qui se déchirent. L’inconvénient de réparer un trou avec une pièce « PVC » plus rigide que le support « toile », est de créer à l’interface des 2, une zone de faiblesse, d’où l’intérêt de recourir à l’enduction périphérique des pièces rapportées à l’aide de colle polyuréthane « Soudaflex 45 FC ». Cela a pour effet de :
– Supprimer le bord d’accroche entre la pièce et le support.
- Assurer une transition progressive entre la pièce un peu rigide et la toile souple.
Il est possible aussi de coller des chutes de « Texair » sur la combinaison toile : c’est plus souple mais beaucoup moins résistant à l’abrasion.
Dernière recommandation :
Que ce soit pour une combinaison où un kit, ne pas attendre pour réparer car un minuscule trou a vite fait de se transformer en une large déchirure plus longue et plus difficile à traiter !
Pour ceux qui ont remarqué l’objet jaune à côté de la poubelle sur la présentation panoramique du matériel utilisé : il s’agit d’un peigne à poux dont je me sers pour enlever les « bouloches » prisonnières des crochets « velcro » et qui nuisent au bon fonctionnement. Cela redonne du mordant à la fermeture des combinaisons. Comme quoi, le système D, ça marche !
En plus, la combi Arlequin sous terre, c’est classe ! ...
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