La dépression karstique d’Orve-Chazot
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La particularité des villages d’Orve et Chazot est d’être située dans une dépression karstique.
Une dépression est un creux topographique, une sorte de cuvette, dont l’altitude du fond est inférieure à celle des régions voisines et dont les pentes convergent vers lui.
Du coup, toutes les eaux de précipitation du secteur convergent vers le point le plus bas, qui est le Puits Fenoz .
Sans compter les petits affluents, c’est plus de 21 km de cours d’eau qui drainent les eaux du secteur.
Le ruisseau de la Baume est une résurgence qui est issue de la grotte de la Baume à 610 m d’altitude. Il traverse Sancey-Le-Long et vient se jeter dans le ruisseau de la Voye après un parcours d’environ 8 km et prend le nom de ruisseau de Voître.
Le ruisseau de la Voye provient de Surmont à environ 6,600 km et est grossi par le ruisseau du Dard, résurgence issue de la grotte des Fées. Le ruisseau du Dard d’environ 1,700 km est en grande partie canalisé dans la traversée de Sancey-Le-Grand.
Le ruisseau d’Hautpré prend sa source à la limite de Randevillers et vient après 2,400 km grossir le ruisseau de Voître.
La suite prend le nom de ruisseau de Buhin et vient après un parcours d’environ 2,500 km se jeter dans le Puits Fenoz.
Le ruisseau de Buhin en crue : le pré à montbéliardes est transformé en rivière impétueuse...
En période normale, toute l’eau disparait dans des pertes qui jalonnent le ruisseau de Buhin.
Mais en période de crue, les pertes se saturent et le trop plein atteint le Puits Fenoz. Si la crue devient importante, le Puits Fenoz s’engorge également et le niveau de l’eau commence à monter, à remplir le fond de la dépression et à inonder les alentours.
Des crues sont restées célèbres :
1789 : L’eau arrive aux marches de l’autel de l’église.
1882 : Idem.
1910 : L’eau est à 4 m au niveau de la Vie du Pôle.
1953 : L’eau est à 1,50 m route de Rahon à Orve.
1983 : L’eau est à 2,50 m à la mairie d’Orve.
Voir les articles de presse
Si la cuvette était étanche et imperméable, le niveau d’eau pourrait monter jusqu’au col situé à l’altitude d’environ 470 à 480 m avant de s’écouler en direction de la vallée des Alloz.
Mais le sous-sol calcaire comporte de nombreuses pertes par où s’écoule une partie des eaux.
Le niveau des crues centennales se situe autour de la cote d’altitude 465 m et atteint la surface d’environ 60 hectares.
Orve, sous les eaux en 1983
Depuis plus d’un siècle, des propositions parfois démesurées ont été avancées par différents services pour éviter l’effet des crues. Maintes fois, on a songé aux moyens de prévenir ces inondations désastreuses, soit en élargissant l’ouverture du gouffre, soit en ouvrant de nouveaux puits par des sondages ou en creusant des canaux d’écoulement.
Ces moyens trop dispendieux et peu pratiques ont été successivement abandonnés.
MM. CUVINOT et SIRODOT, ingénieurs, ont en 1866, étudié trois projets de canaux : l’un était tracé du pont de BUHIN au puits des ALLOZ par les COMBES, les deux autres par les FONTENELLES.
Le premier tracé par les COMBES aurait une longueur de 7.400 m ; une pente minimum de 0,00134 sur 2.803 m et deux souterrains, l’un de 126 m sous le chemin de RANDEVILLERS, l’autre de 276 m au " MONT MERLE " et couterait 165.000 francs.
Le deuxième tracé par les FONTENELLES aurait 7.540 m, une pente minimum de 0,00134 et deux souterrains, l’un de 186 m au MONT MERLE FEVARGE, l’autre de 267 m à FONTENELLES, lieu-dit BAS DE LA COMBE, et couterait 150.000 francs.
Le troisième tracé par les FONTENELLES se grefferait sur le deuxième tracé aux COMBES ; il aurait seul une longueur de 4.808 m, deux souterrains, un de 230 m sous le " MONT MERLE " et un de 470 m au BAS DE LA COMBE " ; il couterait 150.000 francs.
Mais déjà à l’époque, des observations pertinentes avaient été réalisées :
On a aussi établi un devis des dépenses qui seraient nécessaires pour le creusage de puits d’écoulement ; on dirait que la nature se charge de ce travail. Les inondations sont moins fréquentes maintenant qu’autrefois. Cela tient à l’ouverture dans la plaine d’HAUT-PRE, à BUHIN, à POMMIERS, à SERPENTIER, COMBANOT, de petits entonnoirs, "d’empoues" absorbant l’eau avant son arrivée au gouffre et la conduisant par de petites fissures au canal que l’on peut appeler "collecteur" dont l’ouverture d’amont est le PUITS FENOZ et celle d’aval le PUITS DES ALLOZ un officier du génie, descendu dans le précipice, a constaté qu’au fond se trouvent trois ouvertures qui y amènent de l’eau.
Voir le premier pompage du Puits Fenoz