Pompage de la source des Sillots : du mauvais Pagnol
par
popularité : 7%
La source des Sillots
LIEBVILLERS
Ça faisait déjà pas mal d’années que l’on passait devant cette source, on avait même fait un sondage, une fois, sans succès. Et vu la quantité de blocs de pierres entassés, on n’avait pas vraiment insisté …
AU DETOUR D’UNE PROMENADE :
Puis au cours d’une promenade familiale, je passe dans le secteur en ce début d’année 2009, et je m’aperçois que les dernières crues ont bien modifié le site.
Le 20 juin 2009, nous voila donc à pied d’œuvre. A l’aide de barres a mine, les blocs sont retirés un à un et évacués. Les plus résistants sont « pétardés » sur place et réduit en morceaux plus facile à manutentionner.
Un niveau d’eau apparaît enfin. Un sondage avec une perche nous montre que l’on est en présence d’une galerie noyée d’environ 1,5 m de hauteur. Mais pour aujourd’hui, la visite s’arrête la ! Il faudra revenir avec un matériel plus adapté …
LA RECONNAISSANCE EN PLONGEE :
Les plongeurs prévenus (Didier, Christian et Fred Martin) viendront barboter et reconnaître la galerie. Fred parcours une quinzaine de mètres et s’arrête au niveau d’un bloc éboulé dans une galerie remontante, mais il voit du vide.
Fred Martin décrivant son cheminement à sa sortie ...
LE PREMIER POMPAGE EN JUILLET 2009, UN FEU D’ARTIFICE :
Nous voulons profiter de la canicule et un pompage est organisé pour le 11 juillet. La source étant sur un terrain communal, le maire prévenu donne son accord, ainsi que le fermier qui a le terrain contigu.
11 juillet 2009 : Un chemin empierré passe juste devant la source, c’est donc très facile d’acheminer le volumineux matériel. Une première pompe de 100 mètres cubes/heure est démarrée à 9 h 50, le niveau d’eau se met à baisser aussitôt. La deuxième pompe de 80 mètres cubes/heure démarre à 10 h 55, ça baisse bien …
Tout à coup, arrivée du maire suivi d’un fermier (on apprend qu’ils sont plusieurs associés …) propriétaire du troupeaux de vache qui paissent dans le pré d’à coté. Le fermier est très direct avec le maire « Si j’ai plus d’eau, t’es responsable ! ». Car les vaches s’abreuvent à un sous écoulement situé quelques mètres à coté.
L’attente pendant le pompage ...
Nous voila donc parti dans des explications et des palabres sans fin pour expliquer calmement que quand on arrêtera la pompe, l’eau remontera … Peine perdue ! Le maire est de plus en plus inquiet … A 11 h 35, la décision est prise d’arrêter les pompes. C’est frustrant, le niveau avait déjà baissé d’un mètre …
On reste sur place pour suivre la remonté du niveau de l’eau et à 16 h 40, le sous écoulement de la source est à nouveau en activité, comme prévu.
Je veux mon eau ...
le film du pompage ...
Cet instant est filmé et nous voila tous parti chez le maire pour le rassurer définitivement et lui montrer la preuve. Nous en profitons pour définir un nouveau pompage pour l’automne.
LE SECOND ESSAI EN NOVEMBRE 2009 :
7 novembre 2009 : Nous voila à nouveau sur le site pour un 2em pompage. Les 2 pompes sont rapidement mises à l’eau et en moins de 2 heures le passage est libre. Passé le ressaut vertical de l’entrée, on prend pied dans une galerie basse ( 1 à 1,5 m de hauteur) et très variée (largeur : 1 à 3 m) sur 12 de développement. A ce niveau partent 2 nouvelles galeries. La première, sur la droite est étroite et débouche 10 m plus loin dans un gros éboulis. C’est par ici qu’arrive le ruisseau. La deuxième, dans le fond, est celle suivie par les plongeurs comme l’atteste le fil d’ariane en place. Elle est également étroite, mais remontante. Et voici le bloc, vite enlevé, qui avait gêner les plongeurs. Elle redescend au bout d’une quinzaine de mètres, sur une galerie plus grosse, mais comblée d’un gros éboulis. Un passage est agrandi entre la paroi et l’éboulis et l’on peu encore progresser de 5 m jusqu’à une diaclase transversale. A ce niveau, la galerie fait 3 m de largeur pour 2 m de hauteur, le plancher est fait de gros blocs. Le ruisseau semble arriver par la diaclase à gauche. En étant complètement immergé, on ne sent pas le fond, la suite est certainement la !
Le niveau de l’eau baisse, un nouveau site se découvre ...
Mais comme cette partie est située en hauteur par rapport aux pompes, le niveau d’eau ne bouge pas. Il est décidé de déplacer la plus petite pompe ici. Ce déménagement nécessitera d’agrandir quelques passages. Et une fois en place, le niveau baisse tout doucement, trop doucement … Il faudrait une deuxième pompe, mais ce sera l’objet d’un nouveau pompage. Il est décidé d’arrêter l’expérience et de remballer le matériel car l’équipe est sur les rotules … La topographie est levée.
Un pompage sans bouf n’est pas un vrai pompage et une bouf sans Pilou n’est pas une vraie bouf...
UNE SOURCE SENTIMENTALE :
Quelques semaines plus tard, la mairie nous prévient qu’une plainte a été déposée par un habitant de la commune et demandant d’interdire l’accès à la source.
On est convoqué à une séance du conseil municipal pour expliquer nos travaux. En fait, on est la pour préparer la future rencontre avec le plaignant. Topographie et mesures à l’appui, nous exposons nos travaux et les buts recherchés.
Le 8 décembre, nous revoilà à une séance du conseil municipal en compagnie de notre accusateur, plutôt du fils car le plaignant malade, s’est fait représenté. On apprend enfin le motif de tout ce bazar : Ce monsieur a passé toute sa vie au voisinage de la source et n’admet pas que des étrangers viennent y pénétrer, c’est comme une profanation … Face à une telle accusation, que valent nos travaux, nos topographies, nos mesures et tous ces efforts déployés pour tenter de comprendre un phénomène aussi naturel qu’une source ??
Après réflexion, le conseil municipal dans sa grande sagesse nous accorde jusqu’en avril 2010 pour terminer nos travaux et l’obligation de sécuriser l’entrée.
Ce qui veut dire que cette période de l’année étant en général pluvieuse, nous en avons terminé avec les pompages. Quand à la sécurisation, d’autres l’on réalisé pour nous. En effet, quelques jours plus tard, l’entrée de la cavité était mystérieusement rebouchée ...
Du bien mauvais Pagnol !
"Interdiction de creuser, respecter la nature" ...un vrai cri d’amour ?