Désobstruction d’un puits romain
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En 2009, désobstruction d’un puits romain découvert au théatre de Mandeure.
En cours d’année 2009, lors d’une sortie aux Terres de Chaux, on croise par hasard Pierre MOUGIN, l’archéologue de Mandeure. Cela tombait bien, il recherchait des bras et de la technique pour vider un puits découvert quelques années plus tôt au théâtre romain de Mandeure. Un accord de principe est donné sur-le-champ. Désobstruer un puits, on sait faire, qu’il soit romain ne doit pas être plus compliqué ...
Une visite du site est organisée plus tard et une organisation de travail est élaborée. Nous interviendrons pendant la campagne des fouilles d’août et début septembre. Nous seront maîtres d’œuvre pour la partie désobstruction du puits et les archéologues en surface pour le tri des déblais.
Le seul vrai problème pour nous est la période de la campagne de fouilles : En août, les membres du club partent visiter le vaste monde ...
Il fallut donc attendre la dernière semaine d’août pour former un groupe de ... 3 personnes : Christian, Claude et Jean-Paul !
Le mardi, nous sommes sur le chantier. Les maçons ont déjà installés des piles de palettes qui serviront d’échafaudages. Une poutre métallique y est installé et un chariot à roulettes peut se déplacer dessous. Christian y fixe un treuil électrique fonctionnant en 380 Volts. Mais après quelques bidouillages et quelques condensateurs en plus, il va fonctionner en 280 Volts ... Une ligne électrique est installée depuis le local situé à coté des ruines.
Et c’est parti. Christian est à l’extérieur aux commandes du treuil. Un bidon d’une cinquantaine de litres est attaché au bout du cable. Jean-Paul et Claude descendent au fond du puits qui fait environ 3 mètres de profondeur et charge le bidon. Le fond du puits fait environ 1,6 m de diamètre, avec 2 spéléos et le bidon, l’espace est restreint.
Le colmatage est fait de terre au début, suivi de remblai.
Le travail est organisé ainsi : pendant la remontée du bidon, le sol est crocheté et ameubli. Le bidon est ensuite chargé à pleines mains. Le bidon plein est ensuite treuillé à l’extérieur, ripé à coté du puits et vidé. Les archéologues entrent alors en action et récupèrent tous ce qui est poteries, ossements, etc ...
En début d’après midi, le treuil, plus exactement le frein électrique qui est resté en 380 volts donne des bruits inquiétants. Pierrot et Christian partent immédiatement acheter un nouveau treuil avec possibilité de descendre à 10 m de profondeur.
Le travail avance bien. Le lendemain une énorme dalle est dégagée. On propose de la casser en petits morceaux pour l’évacuer plus facilement. Les archéos sont horrifiés par cette perspective. On s’en doutait un peu ...
Le sanglage étant impossible, on propose une technique spéléo qui consiste à planter 2 spits comme ancrage. Les archéos ne sont pas rassurés mais n’ayant pas le choix, acceptent. Le poids du bloc étant estimé autour des 400 kg, un nouveau treuil manuel à chaîne est mis en place au bout le la pelle hydraulique du tracteur. Ensuite tous les costauds sont appelés pour tirer la chaîné ...
Le bloc s’élève tout doucement ... et fini par sortir sans heurt. Le conducteur du tracteur prend ensuite la fin de la manœuvre. Les archéos sont conquis !
Quelques bidons plus tard, c’est un empilage de 3 énormes blocs qui sont dégagés. Une séance photos avec des prises de vues de différents angles doit pouvoir permettre l’étude, plus tard, de la façon dont ces pierres sont arrivées ici. La première est spitée, mais après plusieurs manipulations pour la dégager, les spits sont arrachés mais le sanglage est maintenant possible. L’évacuation est un nouveau succès.
On découvre alors un bloc de calcaire très blanc dont une des faces est sculptée d’un lapin sur fond de campagne. Un morceau de frise certainement. On est immédiatement repris, c’est un lièvre car le lapin domestique n’est apparu qu’au Moyen-âge ! C’est fou comme on peut s’instruire ! Tout est sorti à l’air libre sans casse, les archéos sont ravis ...
Le puits qui était maçonné au début est maintenant taillé directement dans la roche. Parmi les gravats, il y a beaucoup d’ossements et de tessons de poterie.
En fin de semaine, le beau treuil de 10 m de câble se fait un peu juste. Il est fait appel à Jean-Marie Frossard qui nous prete un treuil de 15 m de câble, ainsi qu’un seau de chantier qui se vide automatiquement.
La semaine suivante, Claude a repris le travail, il reste donc les 2 retraités qui feront des journées continues. Quelques soirées sont organisées pour ceux qui sont au travail et l’on verra Pilou, Olivier, Rémy, Philippe et ...
Les pronostics vont bon train sur le niveau d’eau qui a été donné vers 14 m grâce aux "baguettes". D’autres se voient déboucher dans des galeries ... car, ils étaient forts, ces romains !
Finalement, vers -10 m, la roche étant moins compacte, le puits est à nouveau maçonné et une partie du mur est effondré. A -13 m, la position devient dangereuse. Pour descendre encore, il faudrait étayer une partie du mur, mais le chantier de fouille finissant, nous arrêtons également les travaux pour cette année.
Voir :
Le reportage FR3